jeudi 14 septembre 2017

Un vrai chef-d'œuvre



A propos du dicton Post coitum, omne animale triste (après le coït, tout corps est triste), que je n'ai jamais éprouvé, je me porterais volontiers en faux et je dirais que ce qui est amer, c'est l'idée que je vais me fondre en l'autre, que l'autre est à moi, que l'autre est moi… et puis, on s'aperçoit que ce n'est pas le cas, qu'il faudra tout recommencer et que ça ne finira jamais. Je pense que le aquilid amari qui semble être un peu entre le plaisir sexuel et la joie amoureuse concerne plutôt la joie amoureuse et ses déceptions inévitables. Autre chose pour moi est le plaisir sexuel que je trouve énigmatique, par exemple ce qui précède, parfois d'un bon petit moment, l'éjaculation et ce qui accompagne l'éjaculation. Pour moi, cette espèce d'orgasme est un vrai chef-d'œuvre et je comprends peu qu'on puisse se plaindre de tout et s'en prendre à tout quand on a ça. Encore une fois, il est autosuffisant.

Clément Rosset, Esquisse biographique,
entretiens avec Santiago Espinosa
,
Encre marine, 2017

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