mercredi 15 mars 2017

Vaniteux, égoïstes et paresseux


Tous les écrivains sont vaniteux, égoïstes et paresseux, et à la racine de ce qui les pousse à écrire réside un mystère. Ecrire un livre est une lutte horrible et épuisante, c'est comme un long accès d'une douloureuse maladie. Personne ne voudrait entreprendre une tâche pareille s'il n'était poussé par quelque démon irrésistible et incompréhensible. Pour le peu qu'on en sait, ce démon est simplement ce même instinct qui pousse un bébé à hurler pour qu'on s'occupe de lui. Et en même temps, il est également vrai de dire que l'on ne saurait écrire rien de valable sans livrer une lutte constante pour effacer sa propre personnalité. La bonne prose est comme un verre à vitre.


C'est peut-être un mauvais signe pour un écrivain de n'être pas suspect aujourd'hui de tendances réactionnaires, tout comme c'était un mauvais signe il y a vingt ans de ne pas être suspect de sympathies communistes. 


On ne saurait accepter une discipline politique, quelle qu'elle soit, et conserver son intégrité d'écrivain. 


George Orwell,
cité par Simon Leys in Orwell ou L'Horreur de la politique

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