vendredi 19 septembre 2014

Je reste avec toi

On n'avait pas l'âge. Mais Pascal possédait une machine à écrire. Les cartes d'identité étaient cartonnées et pouvaient facilement être glissées sur le cylindre. Il avait du voir ça dans un film. Les dates de naissance furent modifiées en quelques frappes. C'est en retirant la dernière carte, la mienne je crois, que nous nous sommes rendus compte que nous étions décidément nuls en maths : au lieu de nous vieillir, Pascal nous avait rajeunis. Rectifier de nouveau les dates aurait fini par perforer les cartes... C'est le cœur battant que nous nous sommes quand même présentés à la caisse du cinéma. A notre soulagement, la caissière nous a vendus les places sans nous demander notre âge. Sans vérifier nos cartes d'identité ! A notre grand étonnement, se joignait un sentiment de déprime : à 15 ans, nous faisions plus vieux que notre âge ! Le film s'appelait Vivre vite, Deprisa deprisa en VO. Carlos Saura l'avait réalisé et agrémenté de chansons rumbesques du moment comme celle des Chunguitos, un groupe de frères gitans qui connut son heure de gloire dans ces années-là. La vidéo ici est gratinée. Mais je me contrefiche de leur piètre sens du playback ou de leur présence mal assurée sur scène, c'est ma jeunesse que je retrouve, malgré le souvenir de l'humiliation infligée par la caissière du Forum Orient Express, l'émotion de l'événement et celle ressentie devant ce film… Je l'ai montré l'an dernier à mes filles. Elles ont l'âge que j'avais à l'époque et j'espère qu'elles ne font pas plus. Elles l'ont beaucoup aimé. C'est vrai que ça tient le coup !

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